Rallye de Corse 25 et 26 Avril – Championnat de France de Rallye Routier
Arrivés par la bateau du jeudi matin, nous (Pascale et moi) nous installons rapidement au camping U Prunelli de Porticcio en compagnie de Dany et Daniel, Marie-Christine et Jean-Luc, Sabine et Pascale. Nous y retrouvons, les sides italiens de Nanuk et Dédé.
Puis nous partons pour une reco de la boucle du routier, vite pliée, nous déjeunons à la pizzeria de Cauro. L'après-midi je repars seul sur les spéciales, mais ca y roule vite, je ne fais que deux montées de la première, et trois de la seconde. Je chronomètre la liaison entre les deux qui me semble juste, la route est étroite, je n'y roule pas très vite. La moto marche très bien. De retour au camping, je règle un peu les suspensions (pompe à air) et monte les phares. Dans la soirée, après un bon barbecue, je remonte dans la première spéciale pour régler l'éclairage, c'est encore plus impressionnant de nuit, ca va très vite et cette route me fait peur. Après deux montées l'éclairage me semble OK, je rentre au camping. Après une bonne nuit, je me sens d'attaque, la moto va bien, et j'espère pouvoir aller chercher la troisième place en Classique (derrière les intouchables Renaud et son XLR et Gérard et son Z1000).
Vendredi matin, nos femmes sont au marché d'Ajaccio, je démonte mes phares, nettoie un peu la moto. Jean-Luc a repéré un petit resto à Ecicca-Suarella (village du parc de regroupement). Vers 14h00, Jean-Luc et Pascal sont partis devant, les autres montent en voiture, je pars donc seul pour affronter les 7 km qui nous séparent du restaurant.
Au début de la grange côte de la N196, je rejoins une belle 205 GTI qui accélère à mon arrivée, qu'a cela ne tienne, dès le début de la trois voie, je tombe la quatre, tourne la poignée à fond, et presque couché sur la moto, j'arrive à doubler la 205, je me rabat, passe la cinq et calme un peu le jeu, c'est à ce moment que survient un horrible bruit de ferraille dans un mixer, je débraie instantanément, et m'arrête sur le bas côté, une vilaine fumée accompagnée d'odeur d'huile cuite sort par le reniflard de carter. Au kick, le moteur ne fait pas plus qu'un quart de tour avec des craquements sinistres, mais au pont mort la moto se déplace sans problèmes.
J’appelle Pascale au secours, qui m’envoie aussitôt Jean-Luc et Pascal. Je viens de mettre un sangle dans la moto au cas ou…. C’est donc remorqué par la KTM de Jean-Luc que je rejoins le resto. Cet imprévu m’empêche d’apprécier à sa juste valeur ce petit resto, son cadre, ses patrons et sa bonne bouffe.
Je cogite à fond, je soupçonne la rupture de la chaine de distribution, qui avec un peu de chance, n’a pas fait trop de dégâts, les soupapes devant se refermer quasi instantanément avant la rencontre avec le piston. Si j’en trouve une dans l’après-midi je peux encore la changer et présenter ma moto avant 21h au contrôle. Le patron du resto nous indique un bouclard d’Ajaccio qui devrait être compétent. Mais après réflexion, je préfère retourner au camping, démonter rapidement pour diagnostiquer. Daniel, qui va au contrôle administratif, prend mes papiers et réussit à obtenir mon dossier et mes numéros de course
J’enlève le cache-culbuteurs et mauvaise nouvelle, tout va bien, la chaine le pignon et l’arbre à cames sont OK et tournent. Je déculasse et là, surprise le piston a pivoté dans le cylindre, il présente sa jupe avant vers le haut !!!
J’enlève le cylindre avec beaucoup de difficultés, le bas de la chemise est cassée en plusieurs endroits, le pison ressemble à une sculpture de César !!!
Pas la peine d’aller plus loin, les morceaux d’alu de la jupe du piston qui trainent dans le fond du carter me confirment que le moteur est complètement HS. J’ai déjà donné, les pignons de pompe à huile et de boite de vitesses, bien qu’en acier bien dur, ne digèrent pas du tout ces tout petits bouts d’alu tout tendre !!!!
Je suis désespéré, pour moi le Rallye s’arrête avant d’avoir commencé…Seule solution, trouver un moteur. Deux jours plutôt, j’avais perdu une enchère sur ebay pour des pièces de XT chez un vendeur corse (près de Calvi). J’appelle Thierry ZE MIB à Montpellier, pour qu’il lance des recherches sur Internet pour un moteur (casses, annonces, concessionnaires, etc…). Mais cela s’avère vain. Jean-Luc, pour me remonter le moral, me propose gentiment de me prêter son Dominator pour courir, c’est super sympa, mais je serai hors championnat et adieu les bons points de la catégorie …
Il est 18h00, le problème devient le temps, même le Dominator nécessite un peu de préparation.
Je prends le Ducati de Pascale (et mon piston dans la poche) et me rend au contrôle technique pour évoquer mon problème. Alain Tourniayre, me propose très gentiment, de retarder ma présentation au Parc fermé au lendemain matin.
Je fais ensuite le tour de l’entrée du parc avec mon piston à la main, j’y retrouve François Caviglioli (un très sympathique corse, la cinquantaine, qui essore très fort la poignée de son vieux Transalp). François connait beaucoup de monde, mon problème se répand comme une traînée de poudre chez les Corses présents mais aussi distants par des appels téléphoniques. En quelques minutes je rencontre Antoine de Cauro, qui suite à un accident, à jeté son XT mais conservé le moteur. Manque de pot c’est un 3TB (différences notables avec mon 43F : démarreur, boitier CDI, circuit d’huile, etc..). François possède aussi un 3TB quasi complet. On se met d’accord : d’un coté Antoine me prête son moteur, et de l’autre François la moto pour y prélever les pièces manquantes, je retourne donc (plein d’espoir) au camping chercher la voiture de Pascal et la remorque de Jean-Luc, Daniel m’accompagne. De retour sur le parc, François est bien occupé par son contrôle technique et ceux de son fils et de son copain. Antoine a disparu, je le cherche tout autour, bars, plages, le temps passe, mon espoir s’amenuise, je vais chercher le pauvre Daniel qui attend dans la voiture depuis presque une bonne demi-heure, on se met ensemble à la recherche d’Antoine, et soudain, miracle, Antoine est là : il est retourné chez lui et revenu avec le moteur, nous le chargeons sur la remorque et retournons le décharger au camping. François me rappelle pour aller chez lui récupérer la moto. Nous partons avec Jean-Luc et Daniel à une vingtaine de kilomètre au nord d’Ajaccio, François possède une belle collection de véhicule, malheureusement la nuit tombe et nous n’avons pas le temps de visiter. Nous embarquons le XT et retour au camping. Après un apéro rapide, mes collègues se mettent à la préparation su repas, des daurades grillées au barbecue. Pendant ce temps je prépare la dépose du moteur, tout se passe vite et bien, et c’est Nanuk en visite, qui me donne la main pour déposer le moteur et me propose une bière pour arroser çà, mais la daurade est cuite, je file donc manger un morceau vite fait, puis mobilise Jean-Luc et Daniel pour reposer le moteur, quand il sera dans le cadre, je devrais pouvoir faire le reste seul.
Dès le moteur posé, je récupère le démarreur sur l’autre moto, AÏE, il manque le câble d’embrayage (comme celui-ci est différent de ma moto), je sens qu’il va y avoir un problème, enfin on verra plus tard. Démarreur en place, betterie en direct, YEESSS… le moteur tourne et semble compresser normalement. Finalement, Jean-luc et Daniel me filent un coup de main jusqu’à plus de 2H00 du mat. N’ayant pas la revue technique du 3TB, j’ai rappelé MIB (complètement étanche à l’électricité), pour qu’il me trouve sur Internet et me dicte le câblage de ce p….n de CDI, finalement il trouve un schéma en allemand sur un site russe !!!, bonjour la compréhension après un téléphone arabe avec des portables japonais. Quatre du mat, je commence à cailler, il fait salement humide et un coup de barre terrible me fait dire que je suis débile, que je ne vais pas dormir de la nuit, que j’ai une course dans quelques heures et qu’en plus ca ne marchera pas ! Allez, je branche tout en volant, et file un coup de démarreur juste avec la bougie, les carbus ne sont pas montés, y a pas d’essence ni d’huile, je veux juste tester l’allumage, à chaque coup de démarreur une seule étincelle puis plus rien, je bascule le coupe-contact sur Off, miracle ca allume, c’est juste inversé, pas grave !!! Rebiscoulé par cette petite victoire je continue à remonter et arrange un peu le câblage, quelques soudures, quelques cosses plus tard, il est 5H00 passée, les petits oiseaux commencent à chanter alors qu’il fait encore bien nuit, Pascale se réveille et me ‘chante’, elle aussi, sa chanson : « je suis débile, je ne peux pas aller courir sans avoir dormi, c’est dangereux, c’est de l’inconscience, etc... ». Sur le fond elle n’a pas tord, mais j’ai un peu récupéré, je suis motivé et me fait un bon gros café chaud.
7H00, j’ai remonté le plus gros, mis l’huile, le réservoir, l’échappement…, contact, le moteur part au quart de tour !!! Purge du circuit d’huile, bien sur le bruit réveille Daniel qui sort aussitôt prendre une photo. Je remonte les accessoires, et commence à m’interroger sur le problème du câble d’embrayage. Ce serait trop dommage d’être bloqué que par çà !!!
J’essaie d’adapter le mien, Dédé Guzzi à fait le tour du camping et me ramène un câble coudé de Voxan, presque bon, mais beaucoup trop court, j’essaie même d’utiliser la pédale de frein arrière (ca serait pas top), j’appelle François, Antoine qui me file le téléphone du concessionnaire Yamaha d’Ajaccio qui ne répond pas (en fait j’y suis retourner plusieurs fois je ne l’ai jamais vu ouvert), rien, pas de solution (démarrer en première et passer les vitesses à la volée, je sais faire mais ca tiendra pas tout le rallye, pis en spéciale...)
Finalement Antoine, qui montait sur la première spéciale en spectateur avec sa fille, débarque au camping avec son XT et me dit « Prend le mien, mets-moi une ficelle, je me débrouillerai : il faut que tu prennes le départ ». Finalement Jean-Luc lui prête son Dominator. Jean-Luc m’installe le câble et Pascale colle les numéros de courses pendant que j’enfile le cuir et les bottes. Je demande à Dédé Guzzi, qui part pour prendre son départ de prévenir l’organisation que je ne devrai pas tarder à arriver au contrôle.
Jean-Luc essaie la moto autour du camping. Il revient en me disant « Elle tire vachement long… ». Ouuups, la boîte du 3TB est fait pour du 15x45 avec roue de 17, le 43F est monté en 15x40 et roue de 18 et impossible de changer les couronnes (différentes), tant pis CA ROULE MA POULE !!!!
Gépéto (président du Jury, m’appelle pour m’informer que le Jury m’autorise à prendre le départ. Je quitte donc le camping, passe à la station faire le plein, et me présente au parc fermé (qui est déjà à moitié vide, plus de cent pilotes sont déjà partis). Je suis accueilli presque en héros par les organisateurs, Alain me fait un contrôle technique des plus softs !
Je patiente à peine une demi-heure avant de prendre mon départ, le démarrage est un peu spécial, en effet j’ai placé le bouton du démarreur à l’arrache sur le cale-pies passager. La première liaison est courte et très serrée en temps (nous avons été prévenus par les sides). Sur la première spéciale, ça a été l’hécatombe, tant mieux les 2 heures d’attente me permettent de piquer un petit roupillon d’une heure allongé dans le fossé, il paraît que ça ronflait fort. Mes classements en spéciales oscillent entre la 3 et 6 sixième place, c’est vrai que je ne suis pas au top de ma forme, et surtout la deuxième est très viroleuse, à chaque sortie de virage je suis obligé de relancer en seconde en faisant patiner l’embrayage. De nombreux pilotes sont au courant de mon 'aventure' et viennent me demander des nouvelles et m'encourager, ça fait vraiment plaisir.
Malheureusement, dans la deuxième boucle jour, alors que j’oscille entre la troisième et quatrième place (le podium reste jouable), je prends 15 secondes de pénalité en pointant en avance à la sortie du parc de regroupement, une énorme faute d’attention, sûrement due au manque de sommeil. Je finis donc le jour sixième de ma catégorie. Départ de la nuit vers 23H, j’ai envie de me refaire, mais dès la première spéciale (qui me fait très peur, elle est défoncée, beaucoup de courbes très rapides mais en aveugle) je me rend compte que je ne suis pas dans le coup, Pierre Secondo et sa 1000 Godier Genoud vont très bien, il me collent plus de 30 secondes sur les trois spéciales de nuit.
Retour au parc fermé, pour une demi heure d’attente après l’arrivée du dernier concurrent, la pluie se met à tomber. Retour au camping vers 3H30, une petite heure de ‘debriefing’ autour d’un bon whisky, puis au lit !!!!
Je suis quatrième au provisoire du Championnat de France Classique, mais j’ai 19 points de retard sur Pierre Secondo, le podium à Paris au Salon en fin d’année n’est pas encore gagné.
Encore un TRES GRAND MERCI, à Antoine et François et tous les Corses qui se sont mobilisés pour me permettre de courir ce Rallye.
Merci aussi à Jean-Luc, Daniel, Pascal, MIB (en Assistant Téléphonique, Docteur es-Electricité germano-soviètique) Nanuk, Dédé, etc… pour l’aide.
Rémi,
(au Beaujolais le week-end prochain)